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Demain, l’autonomie alimentaire

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Bruno Le Maire veut en finir avec un modèle d’exportations agricoles à outrance, dévastateur pour l’environnement et pour les économies.

En 2025 -demain -, une Terre plus durement éprouvée, plus souvent asséchée par le changement climatique, moins riche en surfaces cultivables, devra nourrir un milliard de bouches supplémentaires. Le monde se dirige droit vers la catastrophe alimentaire, sans stratégie agricole globale. Dans un livre au titre ambitieux, « Nourrir la planète », Bruno Le Maire, ministre français de l’Agriculture et de l’Alimentation, propose un nouveau modèle agricole mondial, capable d’assurer l’indépendance alimentaire de chaque grande région du globe. Aujourd’hui, « une partie du monde produit pour le reste de la planète. Je crois que ce n’est pas le bon modèle », explique Bruno Le Maire dans ce livre d’entretiens. Manger des pommes du Chili au coeur de la Normandie ou de la viande d’Argentine au coeur du Charolais : c’est un modèle « dévastateur pour la planète », car abusivement émetteur de carbone, mais aussi « pour notre propre économie parce qu’il nous dépossède de notre autonomie alimentaire ». C’est tout un système fondé sur l’exportation à outrance, notamment vers des pays comme l’Inde ou la Chine, où la demande est exponentielle, qui est à revoir.

Penser global, produire local. Voilà le credo de Bruno Le Maire. « Nous avons besoin que chaque région du monde puisse être plus autonome en matière agricole. » Cela implique d’aider les pays d’Afrique et d’Asie à développer la recherche en matière agricole, au lieu de leur fournir des denrées qui renforcent leur dépendance alimentaire. Promouvoir les circuits courts et les consommations locales : cette nouvelle donne agroalimentaire défendue par le ministre français conforte notre modèle national historiquement assis sur la production la plus diversifiée de produits de qualité, sûrs et à forte identité. Cependant, le maintien de cette agriculture française-là ne peut se faire qu’à plusieurs conditions. L’une est de« comprendre que l’alimentation de qualité a un coût ». Une autre est de cesser de pointer du doigt les agriculteurs : « Il y a parfois un peu de schizophrénie chez les Français, relève Bruno Le Maire, on est pour l’agriculture, mais on ne veut surtout pas avoir un éleveur de porcs ou un céréalier à côté de chez soi. » Enfin, les marchés agricoles, en Europe comme ailleurs, doivent être régulés. Pour avoir, entre 2009 et 2010, contre la Commission européenne, fait renoncer la plupart des Etats de l’Union à une libéralisation du marché du lait, le ministre français peut, sur ce point, se targuer d’avoir traduit des mots en actes.

ECRIT PAR
Jean-Francis PECRESSE

Jean-Francis PECRESSE
Editorialiste

L’extrait. « On ne doit pas être bouche bée devant le modèle agricole allemand. »

L’auteur. Bruno Le Maire, quarante-deux ans, est ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du territoire depuis juin 2009. Il a été secrétaire d’Etat aux Affaires européennes.

source: Les Echos, livres

 

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