Bruno Le Maire veut en finir avec un modèle d’exportations agricoles à outrance, dévastateur pour l’environnement et pour les économies.
Penser global, produire local. Voilà le credo de Bruno Le Maire. « Nous avons besoin que chaque région du monde puisse être plus autonome en matière agricole. » Cela implique d’aider les pays d’Afrique et d’Asie à développer la recherche en matière agricole, au lieu de leur fournir des denrées qui renforcent leur dépendance alimentaire. Promouvoir les circuits courts et les consommations locales : cette nouvelle donne agroalimentaire défendue par le ministre français conforte notre modèle national historiquement assis sur la production la plus diversifiée de produits de qualité, sûrs et à forte identité. Cependant, le maintien de cette agriculture française-là ne peut se faire qu’à plusieurs conditions. L’une est de« comprendre que l’alimentation de qualité a un coût ». Une autre est de cesser de pointer du doigt les agriculteurs : « Il y a parfois un peu de schizophrénie chez les Français, relève Bruno Le Maire, on est pour l’agriculture, mais on ne veut surtout pas avoir un éleveur de porcs ou un céréalier à côté de chez soi. » Enfin, les marchés agricoles, en Europe comme ailleurs, doivent être régulés. Pour avoir, entre 2009 et 2010, contre la Commission européenne, fait renoncer la plupart des Etats de l’Union à une libéralisation du marché du lait, le ministre français peut, sur ce point, se targuer d’avoir traduit des mots en actes.

Jean-Francis PECRESSE
Editorialiste
L’extrait. « On ne doit pas être bouche bée devant le modèle agricole allemand. »
L’auteur. Bruno Le Maire, quarante-deux ans, est ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation, de la Pêche, de la Ruralité et de l’Aménagement du territoire depuis juin 2009. Il a été secrétaire d’Etat aux Affaires européennes.
source: Les Echos, livres
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