Faut-il se ruer sur la pierre ? Avec des taux d’intérêt particulièrement attractifs, le moment est peut-être opportun de devenir propriétaire pour la première fois (primo accédant) ou de revendre son logement pour acheter une plus grande surface. Selon l’observatoire Cetelem, 21% des Français auraient l’intention d’acheter un bien immobilier, dont 5,8 % dès cette année.
C’est 0,8 point de plus que l’an dernier à la même période. D’autant que selon les chiffres de la Fédération Nationale des Agents IMmobiliers (FNAIM), les prix des logements anciens ont baissé de 1,4% au premier trimestre 2010 par rapport aux trois premiers mois de 2009 et avoisinent les niveaux de l’automne 2005.Une petite baisse profitable aux acquéreurs potentiels mais qui démontre aussi la résistance des prix alors que dans le même temps les volumes (le nombre de transactions) ont diminué fortement depuis quatre ans (575.000 ventes en 2009 contre 800.000 en 2005). Le « krach » immobilier, tant redouté l’an dernier au plus fort de la crise financière, n’a donc pas eu lieu.
Si le marché de l’immobilier ancien est resté faible l’an dernier, celui du neuf a mieux résisté grâce au doublement du prêt à taux zéro (PTZ), l’avantage fiscal « Scellier » ou encore le « pass foncier » qui ont contribué à dynamiser ce segment du marché. Pour autant, les années fastes, de 1998 à 2007, semblent bel et bien derrière nous. Nous ne retrouverons pas cette année les volumes de cette période. « 2010 sera une année de transition. Le marché du neuf devrait se maintenir mais je suis plus pessimiste pour 2011 » estime Pierre Bazaille, président de l’Institut notarial de l’immobilier, citant l’arrêt des mesures de soutien comme le doublement du PTZ qui va cesser au 30 juin 2010 ou le renchérissement des prix qui devrait résulter de l’adaptation des nouvelles normes BBC (bâtiment basse consommation). Quant au marché de l’ancien, il devrait rester plus dynamique tant que les taux d’intérêt resteront bas.
Au niveau géographique, la tendance reste très variable selon les régions. La hausse est repartie plus rapidement dans les grandes villes et particulièrement à Paris où le mètre carré a atteint 6.872 euros en moyenne selon le réseau d’agences Century 21, « un nouveau plus haut historique ». Selon la note conjoncturelle de Notaires de France d’avril 2010, « le marché immobilier parisien intra-muros va se stabiliser en 2010 sur l’ensemble de ses arrondissements avec un possible retour de la hausse des prix (…) qui produira un effet d’entrain sur l’immobilier dans toute la région Ile-de-France ». Certaines métropoles régionales (Bordeaux, Lille, Lyon, Nice, Toulouse etc.) pourraient connaître le même phénomène. Les régions plus durement touchées par la crise (Nord, Est) devront probablement attendre 2011 pour voir leur marché immobilier se stabiliser.
L’année de transition qui succède à un millésime 2009 de crise n’annonce pas pour autant une nouvelle envolée des prix et des volumes dans les prochaines années. « Le marché n’a pas encore renoué avec plus de confiance, en dépit du rebond de l’activité qui se confirme depuis six mois maintenant. Il reste ancré dans un cercle ‘vicieux’ où les vendeurs reportent leur vente, où les acheteurs, même s’ils ne spéculent plus (à la baisse ou à la hausse), sont tétanisés par la remontée du chômage : les freins à la mobilité se resserrent, le marché de la revente est pénalisé, l’offre ne se regarnit pas » estime ainsi la FNAIM. En attendant, c’est la baisse des taux qui porte le marché et non les ressources des ménages. A 3,64% en moyenne sur le premier trimestre, les acquéreurs retrouvent le moral après une année 2009 en berne. Selon le dernier baromètre Crédit Logement/CSA, les banques ont débloqué 70,3% de prêts immobiliers en plus sur les trois premiers mois de l’année mais le premier trimestre 2009 s’était caractérisé par une chute de 30%. Sur l’année, le nombre de crédits distribués pourrait augmenter de 15%. Une année de transition qualifiée par le même étude de « reprise bridée ».
J.G.
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